Impossible de savoir depuis combien de temps ils étaient assis là, à lézarder au même endroit, les pieds baignant dans la prairie s’étalant à l’infini, tel un océan vert, et la tête au soleil. Le temps possède une autre épaisseur en été, il s’écoule autrement, plus lentement, il s’épaissit comme un brouillard dense. Seul le passage des nuages épars permet de mesurer la durée. Sans obligations et sans plans, le temps peut s’étirer à loisir, à l’instar d’un élastique, comme celui qui tirait en arrière les cheveux couleur de blé de la jeune fille.
Afin de profiter au mieux de la douceur verte du gazon, elle avait retiré ses sandales bleues azur et elle allongeait ses jambes élancées pour se mettre à l’aise. A côté d’elle, le jeune homme en faisait de même. Apparemment, deux personnes attirées l’une par l’autre ont tendance à imiter leurs postures et gestes respectifs. Pourtant, ils ne parlaient pas tellement, presque pas en fait. Peut-être se comprenaient-ils sans mots… On surestime souvent les mots ; en réalité, le corps en dit beaucoup plus et beaucoup plus vrai.
En tout cas, ils semblaient heureux, heureux d’être là, tout simplement, heureux en ce moment et à cet endroit ; peu importe ce qui s’était passé avant et ce qui se passerait après, pour l’instant, ils étaient présents, tous les deux, présents à l’instant, et présents l’un à l’autre, c’était le plus important, le reste ne comptait pas. Ils profitaient de ce moment paisible dans ce cadre harmonieux qui leur était offert, gratuitement. Ils n’avaient pas besoin de mille mots pour décrire le ciel bleu comme la mer, la chaleur bienveillante du soleil et la luxuriance multicolore de la flore. Ils se laissaient imprégner par le bonheur de la nature en étant heureux tout simplement.
Avec la bonne personne, chaque moment est magique. Avec la bonne personne, il est facile d’être heureux, tout simplement.